- Ca y est, dis-je à Violette en me rasseyant, c’est réglé.
- Réglé comment ?
- J’ai plus de plan cul.
- Oh…
- Ne me faites pas croire que mon sort sexuel vous émeut.
- Non. En effet.
- Vous savez que ce n’est pas Sybille ?
- C’est qui Sybille ?
- C’est sa femme.
- Ah bon ? Mais alors, c’est qui elle ?
- C’est Juliette, sa maîtresse.
- Non ?, s’étonne Violette.
- Si !
- Elle ne serait pas pucelle par hasard ?
- C’est quoi cette idée de merde ?
- C’est la vôtre.
- Je n’ai que des bonnes idées, ça m’étonne. Bref, j’ai l’impression d’être en compétition avec elle et je déteste ça.
- Le plan cul douterait-il de ses capacités ?, rigole-t-elle gentiment.
- Pas du tout.
- Mais ?
- Il n’y a pas de mais. Je suis sûre de moi et de mes compétences. Je suis simplement triste pour elle. Elle ne m’arrive certainement pas à la cheville.
- Je persiste, ma chère Adriana, mais vous avez un côté éminemment masculin.
- Pardonnez cette digression féministe, mais pourquoi est-ce qu’une femme ne pourrait pas être sûre d’elle et aimer le cul ?
- …
- Ah ! Vous n’avez rien à répondre. Clouée la pucelle !
- Mon exaspération est à son comble. Que vous êtes-vous raconté ?
- Pas grand-chose, en réalité. Je lui ai juste dit que s’il avait besoin de mon aide pour, un jour, désamorcer la situation avec sa femme, il pouvait compter sur moi.
- Vraiment ?
- Oui.
- Vous m’étonnez.
- Ah ?
- Vous pourriez presque me toucher, ajoute Violette catégorique.
- Je ne crois pas que ce soit une bonne idée.
- Quoi ?
- Vous venez d’avoir votre première expérience hétéro. A mon sens, il vous faut attendre quelques temps avant votre première expérience homo. Et surtout…
- Surtout ?
- Je vous conseille de faire ça avec une femme qui vous attire. Alors que moi, vous me trouvez moche.
- Je ne vous trouve pas moche.
- C’est ce que vous avez dit.
- Vous interprétez mes paroles.
- Pas du tout !
- Quoi qu’il en soit, je voulais dire que vous pourriez me toucher émotionnellement.
- Ah…, je réplique partiellement déçue.
- Oui. Je vous croyais incapable de ressentir le moindre sentiment empathique. Et voilà que vous voulez les aider, lui et sa femme.
- Oh, vous savez, c’est la moindre des choses. Et c’est trois fois rien.
- Concrètement ?
- Concrètement, je lui ai dit que s’il avait besoin que je rassure sa femme quant à sa prétendue liaison, j’étais le plan cul qu’il lui fallait.
- Je ne vous suis pas.
- Pourtant, c’est limpide !
- Pas tant que ça.
- Je suis prête à affirmer, sur mon honneur, que sa femme peut être tranquillisée : la maîtresse de son mari est, elle aussi, cocue. Grâce à moi !
- Vous plaisantez j’espère ?
- Bien sûr que non, elle se sentira moins seule comme ça.
- Je me disais que c’était trop beau.
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