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Mon Dieu que je regrette notre petite école de quartier genevoise… Une taille microscopiquement humaine, des camardes de classe adorables et des maîtresses dont ma fille me parle encore, des mois après notre départ de la Suisse, tant elle les a aimées. Gros plan sur le système scolaire colombien: entre enfer et paradis.

L’enfer des pauvres

Tout d’abord, le système scolaire colombien est un système ultra clivé, à l’image de cette société sud-américaine d’ailleurs. D’un côté, vous avez les plus démunis qui scolarisent leurs enfants dans un système public de mauvaise qualité (bien que ce dernier soit en constante amélioration). Nombre d’élèves extrêmement élevés et enseignement médiocre.

Le paradis des riches

De l’autre côté du spectre, se trouvent évidemment les riches qui ont la chance de pouvoir scolariser leurs enfants dans des écoles privées, aux coûts totalement prohibitifs mais à l’enseignement de qualité.

Ecole privée ce sera

Bien évidemment, nous avons opté pour la sécurité (tant physique que d’apprentissage) pour nos enfants et les avons inscrits dans des établissements privés.

Enceintes sécurisées, enseignement bilingue et personnalisé, professeurs diplômés et triés sur le volet. Nos enfants ont la chance de bénéficier de conditions d’apprentissage agréables et optimales. Oui, mais…

L’enfant roi

Dans de telles circonstances, et au-delà des considérations sociétales qui viennent accréditer mes réflexions, il est normal que les parents s’attendent à un traitement totalement irréprochable de leurs enfants. En d’autres termes, ils sont dorlotés, pouponnés, maternés et assistés. Alors même que nous avons toujours essayé, Cedric et moi, d’autonomiser nos enfants afin qu’ils puissent participer aux tâches ménagères et faire partie d’un tout familiale cohérent…

Nous nous sentons donc en total décalage avec cette mentalité propre à notre pays d’accueil. Chez nous, qu’on ait 3 ans ou 6 ans, on se débrouille pour être autonomes tout en sachant que de l’aide est disponible en cas de besoin. Si nous sommes conquis par l’enseignement, en tant que tel, dispensé à nos enfants, nous sommes plus circonspects quant aux habitudes comportementales qui découlent de ces traitements.

Les mères à dispo

Ce qui est absolument exceptionnel, dans ces dites écoles privées, c’est que la structure enseignante part du principe que la famille étant riche, la maman, le chauffeur ou la nany sont disponibles à plein temps.

Il est donc attendu de ces derniers une présence accrue et une disponibilité totale. Changements d’horaire à la dernière minute, activités ludiques à organiser ou encore congés impromptus pour que, je cite, «les professeurs puissent manger un midi ensemble» (oui, oui, c’est véridique, alors que l’école coûte un saladier, ils renvoient les mômes à la maison pour se faire une petite bouffe entre collègues!)

Ce jour-là, autant vous dire que je suis tombée des nues et que j’ai, longuement, blasphémé. Mais toute seule… Parce qu’en réalité, les écoles ont raison! 99% des familles fréquentant ces établissements ont des employés disponibles H24 qui sont totalement étrangers aux préoccupations des familles peut-être moins aisées.

Inadaptée

Et c’est là que je me suis rendue compte que je ne m’intègre peut-être pas aussi bien que je voudrais le croire dans cette société ultra-clivée. En d’autres termes: je suis totalement inadaptée! Bah ouais, m’sieurs dames, on a pas de chauffeur à plein temps, on a pas d’employés à demeure, on a pas de jardinier pour s’occuper de notre balcon. Et en fait, on a même pas de balcon…

Chaque fois donc que je dois aller à l’école de mon fils ou de ma fille pour réaliser un pu*** de bricolage en groupe, une pièce de théâtre didactique ou encore pour permettre aux profs de se faire un petit gueuleton, je perds les quelques précieuses heures que j’ai pour travailler sur mes livres. Et si j’écris plutôt bien, croyez-moi quand je vous dis que je suis une manche en bricolage!

Assumer!

Alors voilà, il m’aura fallu quelques 4 mois pour comprendre que je suis vraiment très différente des autres parents. Ceci n’étant pas un jugement de valeur, mais une constatation. Les autres parents étant, pour la majorité, fort sympathiques.

J’ai donc décidé de me faire porter pâle pour une (bonne) partie des animations qui incombent aux parents. En faire une ou deux? Ok. Passer de temps à autre à l’école? OK. Attendre de moi qui j’y sois toutes les semaines. Niet! Et tant pis si les maîtresses me regardent d’un air désapprobateur et si je passe pour une mauvaise mère!

Allez, je vous laisse, j’ai une fondue au chocolat pour 15 élèves à préparer.

1 Commentaire

  1. Periat Alain

    Super de vous lire

    Réponse

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