Arepa time pour Mathilda
Mathilda regardait Chen qui commandait les cafés, dans un petit bouiboui en face de leur immeuble. Cette jeune fille dégageait une aura éminemment sympathique. Ses yeux pétillants laissaient présager une vivacité d’esprit détonante alors que le petit sourire espiègle qui arrondissait son visage lui conférait une bouille de gamine effrontée. Elles ne s’étaient échangé que quelques paroles depuis leur rencontre, mais Mathilda l’aimait déjà bien. Elle avait le sentiment que Chen pourrait devenir une véritable amie.
Arepa time
Chen vint enfin s’asseoir face à Mathilda, l’air triomphant.
- J’ai commandé un petit dej’ aussi. J’ai faim… Tu as faim ? Moi, j’ai toujours faim, indiqua Chen. Elle semblait avoir un joli débit de paroles, cela dit en passant.
- Un peu ouais…
- Tant mieux! Tu verras, la bouffe à Bogota, c’est de la tuerie. Tu trouves de tout, à n’importe quelle heure du jour et de la nuit. Moi qui aime manger, je suis dans un petit paradis.
- Ah… Ben on verra, répondit Mathilda, évasive.
- Tu n’aimes pas manger ?
- Si, si… C’est juste que mon séjour ne commence pas franchement bien…
La journaliste raconta alors ses déboires à Chen, qui l’écoutait d’un air détaché. La jeune femme semblait plus intéressée par l’arepa au fromage et jambon qu’elle venait de recevoir que par les malheurs de sa nouvelle colocataire.
Tranqui’ chica
Quand Mathilda eut enfin terminé son histoire, Chen, la bouche toujours pleine, la regarda perplexe. Ses yeux semblaient dire: et ? c’est tout ? Elle avala péniblement l’énorme morceau qu’elle venait de prendre, but une gorgée de café, s’essuya la bouche et dit simplement: oh là là, tranqui’ chica! Faut pas te mettre dans cet état pour si peu! Et devant l’air totalement déprimé de sa nouvelle amie genevoise, elle ajouta:
- Soyons pragmatiques. Ta valise, on va te la ramener ici et ta carte ils vont te la bloquer et ça te coûtera à peine quelques peanuts… Donc relax! Chill!
- Je n’ai pas encore pu déclarer ma valise perdue, le bureau était fermé, donc ils ne vont pas pouvoir me la ramener de si tôt.
- Tu sais, y a une invention assez exceptionnelle, qui fonctionne ici aussi: le téléphone! T’appelles l’aéroport, tu donnes ton numéro de vol, ton numéro de bagage, tu le décris et le tour est joué! Arrête de broyer du noir ma cocotte. Ce que tu vis, ça s’appelle l’aventure. Et encore, une toute petite aventure… Pas non plus le truc de malade. Ca fait juste partie des voyages. C’est pas dramatique, d’autant plus que tu as des solutions plutôt simples à tous tes pseudo-problèmes. Allez, goûte ton arepa. Tu verras. C’est bien gras, bien salé, bien nourrissant. De quoi affronter une journée bien remplie!
L’heure de prendre du recul
Mathilda s’empara de son arepa et mordit dedans, sans grande conviction. Mais c’était bon! Effectivement gras et salé mais super bon! De quoi requinquer une journaliste au moral défaillant. Et Chen avait raison, il fallait qu’elle prenne du recul et qu’elle relativise. Finalement, elle ne faisait pas face à des problèmes insolubles. Rien n’était insurmontable. Elle allait rentrer à l’appartement, téléphoner à l’aéroport, s’assurer que sa carte était bloquée et basta!
Cet après-midi, elle irait enfin à la rédaction locale de son journal. C’était le moment de se plonger dans le travail, de rencontrer Prosper et ses nouveaux collègues, mais surtout de se familiariser avec la crise vénézuélienne qu’elle allait devoir couvrir.
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Nos péripéties à nous…
A l’instar de Mathilda, notre arrivée à Bogota fut passablement mouvementée… mais pour des raisons totalement autres qu’un bagage manquant ou une arnaque à la carte de crédit! Les événements qui se sont produits, à peine quelques jours après notre arrivée, ont eu le mérite de faire frémir le palpitant de nos proches… Et le nôtre! C’est le moins que l’on puisse dire.
On vous jure, Bogota n’est pas une ville excessivement dangereuse
Combien de fois avons-nous répété ces paroles à nos proches avant notre départ pour la Colombie. Il ne faut pas vous inquiéter! Le processus de paix avec les FARC avançant et l’insécurité liée au trafic de drogue n’étant pour ainsi dire plus d’actualité, Bogota est une ville relativement sûre. Plus d’attentat, moins de criminalité, moins de drogue… Et nous serons prudents. Tout va bien se passer!
Boum!
Et voilà… A peine avions-nous posé le pied à Bogota que la ville était secouée par un attentat à la voiture piégée, visant l’école de police.
Si nous nous sommes dit glups, je crois pouvoir affirmer que nos parents se sont dit p*** de bo*** de m*** !, ou quelque chose s’en rapprochant.
La terre tremble
Mais ce n’est pas tout… Parce que nous n’aimons pas faire les choses à moitié, mon mari et moi! Situé à quelques 270 kilomètres de Bogota se dresse le volcan Nevado del Tolima. Un volcan qui semble gentiment montrer des signes de réveil. En d’autres termes, plusieurs séismes ont été recensés depuis notre arrivée dans la capitale colombienne, dont un qui m’a franchement foutu la pétoche!
Ca tangue !
Je crois que je me souviendrai toute ma vie de la sensation que j’ai éprouvée… J’était assise sur mon lit lorsque, soudain, j’ai cru que je faisais un malaise: la tête me tournait violemment, au point que j’ai hésité à m’allonger pour éviter de tomber dans les pommes.
Mais alors que je levai les yeux et regardais autour de moi, j’ai rapidement compris que ce n’était en réalité pas ma tête qui tournait, mais l’immeuble qui tanguait! Les lampes remuaient alors que les chaises à bascule, situées à côté de notre lit, se balançaient. Wahou! Mon premier tremblement de terre… Et pour être honnête, j’espère de tout mon cœur que ce sera le dernier.
Du repos pour les braves!
Je vous donne rendez-vous demain pour un petit billet sur le jardin botanique de Bogota. Par contre, il vous faudra attendre la semaine prochaine pour découvrir la suite des aventures de Mathilda! Cette fin de semaine, nous serons à Villa de Leyva, une petite ville coloniale proche de Bogota. Et vous savez quoi? Je préfère largement remiser mon ordinateur au fond de mon sac et profiter de ces instants avec mes enfants et mon mari que d’écrire un nouveau billet de blog! Mais je sais que vous ne m’en voudrez pas…
Je vous souhaite donc à toutes et à tous de belles fêtes de Pâques! Que disfruten!