Epilogue

Epilogue

Violette est partie. Alcoolisée. Non sans me promettre que nous nous reverrons. Pierre et sa maîtresse aussi. J’ai adoré les voir se faufiler discrètement hors du restaurant alors que je leur adressais un grand signe de la main. C’est mon côté boute-en-train et éminemment sympathique. Et vous savez quoi ? J’ai passé une super soirée. Même si tout ne s’est pas déroulé comme escompté. Et même si l’ambition qui était mienne de dresser une cartographie documentée et exhaustive des plans cul est un échec quasi total. La seule conclusion à laquelle je puisse objectivement parvenir, et que le monde scientifique ne pourra remettre en question, est la suivante : histoire d’amour ou plan cul, même combat. C’est le bordel. Métaphoriquement parlant, vous l’aurez compris. D’ailleurs, j’abandonne l’idée d’analyser toutes les options salaces que le groupe d’amis qui tarde dans le restaurant pourrait m’offrir. C’est déjà un foutoir pas possible à deux, alors à six ? Je jette l’éponge.

Je n’ai donc plus qu’à rentrer chez moi. Seule… Et, je dois quand même vous l’avouer, quelque peu ennuyée. J’ai en effet deux problèmes majeurs et insolubles. Le premier : je ne sais toujours pas qui est parti sans culotte ce soir. Si je ne peux vous affirmer que les paroles que je vous ai retranscrites tout au long de la soirée aient été fidèles à la réalité, j’ai peut-être fait preuve d’une certaine licence créatrice, je suis cependant catégorique : GB32 est bien sorti des toilettes un string à la main. Ce qui signifie obligatoirement qu’une femme l’a retiré lors d’un passage aux toilettes. Ou un homme qui aime les dessous féminins. On n’est plus à une excentricité près, n’est-ce pas ? Je doute pourtant de la plausibilité de cette théorie. Si j’aime à croire qu’un homme peut jouir d’une telle liberté vestimentaire, la vérité triviale mais pour autant indiscutable, relevée par Philippe, est que le bout de tissus léopard était vraiment très petit. Il y aurait donc, morphologie masculine oblige, un problème évident de place. Ou un problème évident de taille…

Autre problème qui est le mien, vous l’aurez certainement anticipé, est que… je n’ai plus de plombier. Et comme je l’ai si bien expliqué à Violette, du moment que je vais me lever pour rentrer chez moi, ça va se compliquer. Sérieusement. Ca va secouer. Se balancer. Remuer. Tressauter. Trifouiller. Je risque d’être quelque peu tendue, quoi ! Certes, je pourrais aller aux toilettes pour les retirer et m’épargner ainsi de devoir combler artificiellement, une fois chez moi, le gouffre abyssal et émoustillé dont Pierre aurait dû s’occuper. Il ne s’agit pas cette fois-ci d’une métaphore. Aucun vide émotionnel à combler. Nada. Seule ici me préoccupe la future absence tangible et endurcie de mon ex PQR. Mais je ne suis pas sûre de vouloir prendre le risque de tomber sur un nouveau string, sur une bague de fiançailles égarée ou encore sur une paire de menottes. J’ai eu mon lot d’anecdotes ubuesques pour ce soir. Je pourrais aussi, éventuellement, proposer à Sacha de me raccompagner mais… Ben pour être honnête, je ne suis pas en mode levrette ce soir. Il y est des envies qui ne se commandent pas, n’est-ce pas ? En outre, si je ne suis pas contre un plan à trois, je n’aime pas passer après une autre. C’est crade. Simultanéité des échanges de fluides : oui ; successivité : non.

Maintenant, moi, j’ai envie de rentrer et de me couler dans la douceur de mes rêves, loin des complications et des imbroglios enfantés par mon cerveau notoirement grivois. Allez… C’est parti ! C’était un plaisir de partager cette soirée avec vous.

Souhaitez-moi bonne chance !

FIN

Sybille

Sybille

  • Ca y est, dis-je à Violette en me rasseyant, c’est réglé.
  • Réglé comment ?
  • J’ai plus de plan cul.
  • Oh…
  • Ne me faites pas croire que mon sort sexuel vous émeut.
  • Non. En effet.
  • Vous savez que ce n’est pas Sybille ?
  • C’est qui Sybille ?
  • C’est sa femme.
  • Ah bon ? Mais alors, c’est qui elle ?
  • C’est Juliette, sa maîtresse.
  • Non ?, s’étonne Violette.
  • Si !
  • Elle ne serait pas pucelle par hasard ?
  • C’est quoi cette idée de merde ?
  • C’est la vôtre.
  • Je n’ai que des bonnes idées, ça m’étonne. Bref, j’ai l’impression d’être en compétition avec elle et je déteste ça.
  • Le plan cul douterait-il de ses capacités ?, rigole-t-elle gentiment.
  • Pas du tout.
  • Mais ?
  • Il n’y a pas de mais. Je suis sûre de moi et de mes compétences. Je suis simplement triste pour elle. Elle ne m’arrive certainement pas à la cheville.
  • Je persiste, ma chère Adriana, mais vous avez un côté éminemment masculin.
  • Pardonnez cette digression féministe, mais pourquoi est-ce qu’une femme ne pourrait pas être sûre d’elle et aimer le cul ?
  • Ah ! Vous n’avez rien à répondre. Clouée la pucelle !
  • Mon exaspération est à son comble. Que vous êtes-vous raconté ?
  • Pas grand-chose, en réalité. Je lui ai juste dit que s’il avait besoin de mon aide pour, un jour, désamorcer la situation avec sa femme, il pouvait compter sur moi.
  • Vraiment ?
  • Oui.
  • Vous m’étonnez.
  • Ah ?
  • Vous pourriez presque me toucher, ajoute Violette catégorique.
  • Je ne crois pas que ce soit une bonne idée.
  • Quoi ?
  • Vous venez d’avoir votre première expérience hétéro. A mon sens, il vous faut attendre quelques temps avant votre première expérience homo. Et surtout…
  • Surtout ?
  • Je vous conseille de faire ça avec une femme qui vous attire. Alors que moi, vous me trouvez moche.
  • Je ne vous trouve pas moche.
  • C’est ce que vous avez dit.
  • Vous interprétez mes paroles.
  • Pas du tout !
  • Quoi qu’il en soit, je voulais dire que vous pourriez me toucher émotionnellement.
  • Ah…, je réplique partiellement déçue.
  • Oui. Je vous croyais incapable de ressentir le moindre sentiment empathique. Et voilà que vous voulez les aider, lui et sa femme.
  • Oh, vous savez, c’est la moindre des choses. Et c’est trois fois rien.
  • Concrètement ?
  • Concrètement, je lui ai dit que s’il avait besoin que je rassure sa femme quant à sa prétendue liaison, j’étais le plan cul qu’il lui fallait.
  • Je ne vous suis pas.
  • Pourtant, c’est limpide !
  • Pas tant que ça.
  • Je suis prête à affirmer, sur mon honneur, que sa femme peut être tranquillisée : la maîtresse de son mari est, elle aussi, cocue. Grâce à moi !
  • Vous plaisantez j’espère ?
  • Bien sûr que non, elle se sentira moins seule comme ça.
  • Je me disais que c’était trop beau.
Adriana

Adriana

  • Hey ! Psssst ! Par ici ! Moi, c’est Ana. Enfin, Violette, si on en croit les élucubrations nymphomaniaques d’Adriana. J’imagine que vous comprenez mieux, maintenant, pourquoi je n’ai pas voulu lui avouer mon véri-table prénom. Ana… Je me serais exposée à quelques commentaires désobligeants, dirons-nous. Si vous voulez mon avis, elle est complètement barrée cette nana. Y a pas non plus du cul partout. Il ne faut pas exagérer. Mais on s’amuse bien au final, pas vrai ? Et ce même si elle a fait de moi une pucelle humide, maîtresse d’un homme circoncis en couple. Ce que je ne suis pas, vous l’aurez compris. Pucelle, je veux dire. Humide non plus d’ailleurs… Bref. Je m’égare.
    Elle vient donc de se lever pour aller discuter avec Pierre et sa femme, me laissant seule à la table à les observer. J’aime bien ce retournement de situation. A mon tour de faire d’elle ce dont bon me semble. Bien que je doute que mon imagination puisse faire mieux que la présente situation : le coq, la poule, la cocotte et son œuf. En par-lant d’œuf, je la trouve crispée, Adriana. Elle se moquait de ma contracture anale, mais je dois dire que la contrac-tion de sa minette n’est pas des plus saillantes non plus. Je me demande jusqu’à quel point elle doit serrer ses muscles pour éviter toute descente incontrôlée. Vous imaginez le malaise ? Adriana rigole, se relâche et ploup ! La poulette pond son œuf. Gênant ! Surtout si… Surtout si, en réalité, c’est elle qui n’a pas de culotte. A ce sujet, vous pensez qu’elle aurait pu faire un transfert ? Vous faire croire que c’est moi qui n’ai pas de sous-vêtements alors que c’est elle la dérangée cul nu ? Ce qui en ferait un plan cul cul nu. Parce que je vous assure que je n’ai pas retiré mon string aux toilettes. C’est inconcevable. Ca ne se fait pas. Du moins, je ne crois pas… J’avoue que ce petit bout de soirée passé avec Adriana remet en question pas mal de mes a priori. Disons que je suis prête à envi-sager qu’il puisse peut-être, sous certaines conditions et dans un univers différent du mien, y avoir une sorte de zone d’ombres. Un comportement sexuellement hors norme bien que pas totalement psychiatriquement dé-viant.
    Ah, tiens ! Elle rigole et lui touche le bras. Vu d’ici, tout a l’air de bien se passer : pas de ponte intempestive ni de crêpage de chignons. Par contre, elle rigole toute seule. Il a l’air ultra gêné le gaillard. Tout crispé. On pourrait presque croire que… que… Non, non ! Ce n’est pas possible. Un œuf pour anus, ça n’existe pas, n’est-ce pas ? Mon Dieu, voilà que je parle comme elle, quelle horreur. Oublions ça, voulez-vous.
    Sa femme, quant à elle, a finalement enlevé sa main du pantalon. J’espère qu’elle n’est plus en mode vibreur, si-non elle va trouver le temps long. Ce d’autant plus qu’Adriana s’est positionnée de façon à l’empêcher de se le-ver : une main fermement posée sur son épaule. Mais quelle salope. Elle a raison, la solidarité féminine, c’est du pipeau. Je la soupçonne même de faire durer la conversation dans le but de prolonger les souffrances clitori-diennes de la nana.
    Ah, ça y est, Adriana revient, un sourire triomphant sur le visage. Chut, je ne vous ai rien dit, d’accord ?
Pierre et Sybille?

Pierre et Sybille?

  • J’ai une petite surprise pour toi, indique la femme en se levant.
  • Tu me quittes ?, demande Pierre taquin.
  • Pas encore. D’abord je vais aux toilettes. Et quand je reviendrai, tu pourras t’amuser avec ça, lui dit-elle en glissant une petite télécommande noire devant lui.
  • Non… Tu n’as pas fait ça ?
  • Je t’ai dit que j’avais envie de m’amuser ce soir. Laisse-moi le temps de le mettre en place et ma félicité sexuelle sera entre tes mains.
  • Tu as changé les piles ?
  • Oui ! Et j’ai déjà testé, ça fonctionne à merveille. Je reviens, dit-elle en s’éloignant de la table.
  • J’ai pas compris. Elle va faire quoi ?, me coupe Violette.
  • Comment ça elle va faire quoi ? Elle va aux toilettes, pardi.
  • Non, je veux dire, pour faire quoi ?
  • Ben… Ce qu’on fait aux toilettes. Je ne vais pas vous faire un dessin.
  • Mais c’est quoi cette histoire de télécommande ?
  • Aaaah ! Pardon, j’ai oublié à qui j’avais affaire. Evidemment que vous ne pouvez pas comprendre. C’est un gode.
  • Télécommandé.
  • Ne me dites pas que vous ne savez pas ce que c’est !
  • Si, bien sûr que si…
  • Mais ?
  • Mais moi, je n’y crois pas une seconde.
  • Et pourquoi pas ?
  • Parce qu’elle ne va pas faire ça au resto !
  • Et pourquoi pas ?
  • Parce que ça ne se fait pas…
  • Et pourquoi pas ?
  • Parce que c’est dégueulasse !
  • Vous n’êtes peut-être pas pucelle, mais vous avez des réactions de pucelle je trouve.
  • Pas du tout ! Qui va au restaurant avec un truc comme ça ?
  • Moi.
  • Pardon ?, me demande Violette proche de s’étrangler.
  • Moi.
  • Vous en avez un là ?
  • Oui et non…
  • Comment ça oui et non ? C’est oui ou c’est non. Sauf si…
  • Sauf si ?
  • Sauf si… Il est à moitié dedans ?
  • N’importe quoi ! Je suis assise sur une chaise, comment voulez-vous qu’il sorte ? A moins que notre anato-mie soit totalement différente, c’est physiologiquement impossible.
  • Alors vous en avez un, oui ou non ?
  • Ben oui j’en ai un, mais non il n’est pas électrique.
  • Vous voulez dire que pendant que vous me parlez, vous avez un truc dans votre… dans le… dans la…
  • Dans là. Oui. Et alors ?
  • Donc vous êtes obligée d’être contractée tout le temps ?
  • Ben non, quand je suis assise, pas besoin. C’est physique. Et si je fais la colonne droite non plus, d’ailleurs. Ne faites pas votre mijaurée, vous avez bien serré les fesses la moitié du repas.
  • Mais qu’est-ce que c’est encore que ces foutaises ?, s’énerve Violette
  • Rien, laissez tomber, elle revient.
  • Je maintiens : c’est loufoque.
  • Ce n’est pas loufoque, c’est érotique ! Et je n’ai pas de leçons à recevoir d’une pucelle qui s’est faite trompée par son mec.
  • C’est la plus grosse connerie que j’ai jamais entendue.
  • Oh la barbe, vous me fatiguez. Laissez-moi continuer d’imaginer leur histoire et taisez-vous ! Donc la femme revient et dit en s’assayant :
  • Voilà, c’est bon. A toi de jouer.
  • Tu vas le regretter, susurre l’homme.
  • J’y compte bien, répond la femme langoureusem…
  • Non, mais c’est n’importe quoi ! s’insurge Violette.
  • Arrêtez de m’interrompre !
  • Mais je suis obligée de vous interrompre, c’est n’importe quoi !
  • Alors, allez-y ! Inventez-moi donc une histoire qui tienne debout.
  • Euh…
  • Ah ben vous voyez ? Vous en êtes incapable et après, vous critiquez mes idées.
  • Ok, donc elle vient de revenir des toilettes. Après avoir uriné, et seulement uriné. Et euh… Elle s’assoit. Elle sourit… Boit une gorgée. Avale.
  • Eh ben dis donc, on s’éclate avec vous.
  • Elle regarde son compagnon et lui demande s’il a passé une bonne journée… Et euh… Et voilà quoi. Bon, ok… C’est pas facile comme exercice en réalité.
  • Surtout quand on est inexpérimentée, murmuré-je.
  • J’hésite entre boire. Beaucoup. Ou partir.
  • Buvez !

Nous observons le couple avec attention. Il semble papoter, innocemment. Seules les faibles secousses qui par-courent le corps de la femme viennent accréditer mon postulat.

  • Regardez, le serveur leur apporte leur entrée, dis-je à Violette.
  • Vous croyez qu’il laisse l’appareil allumé pendant ce temps ?
  • Ah ben je veux, oui ! Ce serait dommage qu’il ne s’amuse pas un petit peu.
  • Non… Non, personne ne fait ça.
  • Regardez la femme ! Observez-la ! Vous avez vu comme ses mains sont crispées sur ses genoux ? Tout son corps est tendu. C’est d’une évidence absolue. Et regardez l’homme qui garde lui aussi les mains sous la table, à jouer avec sa petite télécommande.
  • J’avoue que c’est troublant… Votre théorie du dispositif vibratoire n’est peut-être pas totalement farfelue, finalement.
  • En réalité, on appelle ça un œuf.
  • Un œuf… Comme un œuf ?
  • Oui.
  • Comme un œuf de poule ?
  • Non, comme un œuf de bœuf, dis-je moqueuse.
  • Ca accrédite ma thèse.
  • Votre thèse ?
  • Ma thèse selon laquelle toutes les femmes ne vont pas au restaurant avec ça.
  • Je ne vous suis pas.
  • Ben… C’est un œuf de poule… De poule de luxe.
  • Vous me prenez pour une catin ?
  • Vous me prenez bien pour une pucelle… Et ce que vous avez ?
  • Ce que j’ai ?
  • Ca s’appelle comment ?
  • Des boules de Geisha.
  • Exotique.
  • Erotique, corrigé-je.
  • Ca marche comment ?
  • Ca marche quand on marche.
  • Vous me faites marcher.
  • Pas du tout.
  • C’est-à-dire ?
  • Quand on marche, les boules s’agitent.
  • Je devrais essayer, dit-elle songeuse.
  • Ben… Vous savez, Violette, c’est sympa en couple…
  • Violette ?
  • Ah oui, je ne vous ai pas dit ! C’est comme ça que je vous ai baptisée. Je trouve que ça vous correspond en tous points. Vous aimez ?
  • Beaucoup. C’est super poétique.
  • Ouais, enfin… Plus que poétique, c’est surtout candide et naïf.
  • Evidemment… C’est quoi votre prénom à vous ?
  • Adriana.
  • Plat.
  • Je vous le concède.
  • Et pas très drôle.
  • Pas le moins du monde. Je compense avec ma personnalité. Bon alors, vous vous appelez comment ?
  • Je ne suis pas sûre d’avoir envie de vous le dire, réplique Violette boudeuse.
  • Ah bon ?
  • Vous allez encore vous moquer.
  • Mais nooooon…
  • Et je trouve rigolo que vous m’appeliez Violette. Bref. Pourquoi ne pourrais-je pas tester les boules de Geis-ha ?
  • Vous changez de sujet !
  • Quelle perspicacité. Je disais donc, pourquoi ne pourrais-je pas tester des boules de Geisha ?
  • Pourquoi vous changez de sujet ?
  • Et vous, pourquoi vous ne répondez pas ?
  • Parce qu’après avoir porté ça toute la soirée, faut être sûre de se faire tringler. Alors c’est quoi votre pré-nom ?, je m’obstine à demander à Violette.
  • Vous parlez comme un homme.
  • Faut savoir, je suis une poule ou un homme ? C’est quoi votre prénom ?
  • Vous parlez de sexualité comme si vous étiez un homme. Très vulgaire.
  • Je parle plomberie. Et vous, vous êtes une pucelle rétrograde. Faut évoluer ma bichette.
  • Rester fleur bleue ne veut pas dire être rétrograde.
  • Vous n’êtes pas fleur bleue, vous êtes candide et naïve. Y a pas à tortiller du dard, Violette, c’est le prénom qu’il vous faut.
  • Nous sommes au moins d’accord là-dessus, à défaut d’être d’accord sur votre évidente vulgarité.
  • Je ne suis pas vulgaire, je suis réaliste. Tous les plombiers vous le diront : quand ils marchent, les boules s’agitent et pour la santé de vos tuyaux, faut les tringler régulièrement.
  • Vous êtes horrible !
  • Non, je suis pragmatique. Sinon, ça refoule. (Je souris.)
  • Et ça pue… (Je souris de toutes mes dents.)
  • Ca peut même se boucher… (Je suis morte de rire.)
  • Je ne suis plus sûre de vous suivre. Vous parlez… Tuyaux ? Ou tuyaux…
  • Tuyaux.
  • Mais euh…. Tuyaux anatomiques ?, me demande Violette hésitante.
  • Oh ! La pucelle parle sodomie ? On aura tout vu ! Bon, vous vous taisez maintenant ? On est en train de tout louper… Oh merde, regardez, on dirait qu’il y a un problème.
  • Qu’est-ce qui se passe ?
  • Ah ben elle a pas l’air à l’aise la nana, je m’amuse en regardant la femme.
  • Et le mec est mort de rire. C’est la télécommande qu’il secoue ?
  • On dirait bien.
  • Problème de pile ?
  • Normalement pas, elle les a changées.
  • Mauvaise connexion ?
  • Probable.
  • Et l’œuf est certainement encore allumé ! Ca lui fait mal ?, me demande Violette.
  • A votre avis ?
  • Euh…
  • Non, ça ne lui fait pas mal. Par contre, elle va avoir des fourmis si ça continue.
  • Vous êtes sûre ?
  • Oh oui ! Toute la fourmilière même !
  • Non, je veux dire, vous êtes sûre que ça ne lui fait pas mal ?
  • Catégorique.
  • Faut qu’elle l’enlève.
  • Certes.
  • Mais pourquoi il ne l’aide pas !
  • Que voulez-vous qu’il fasse pour elle ?
  • Autre chose que de rire bêtement ! La pauvre…
  • La pauvre ? Evidemment qu’il se moque d’elle, c’est cocasse !
  • Vous n’avez donc aucune empathie ?, s’étonne Violette ébahie.
  • Pour une poule qui a un œuf coincé dans le cloaque ? Pas du tout.
  • Vous êtes vraiment immonde.
  • Quoi ? Je parle plomberie, ça vous choque, je parle basse-cour, vous rougissez. Je ne sais plus quoi faire pour vous contenter ma chère.
  • Il lui suffit de retirer le sex-toy et le tour est joué !
  • Elle ne va quand même pas faire ça ici.
  • Et pourquoi pas ?
  • Non, mais vous êtes vraiment dérangée, vous ! Ou exhibitionniste.
  • Vous n’avez jamais glissé discrètement la main dans votre culotte ?
  • Bien sûr que non.
  • Eh ben c’est dommage, ça vous aurait évité de vous retrouver toute bête devant Jason.
  • Marc !
  • Si vous voulez… Donc devant Marc et de perdre votre string.
  • Vous le faites exprès ?
  • De quoi ?
  • Rien, laissez tomber, réplique Violette agacée.
  • Regardez, bim, main dans le pantalon.
  • Dingue… Jamais j’aurais osé, moi.
  • Sans blague.
  • Elle a l’air d’avoir de la peine à le sortir, s’amuse ma partenaire de tablée.
  • Elle veut peut-être juste l’éteindre.
  • Peut-être. Peut-être qu’elle cherche le bouton on-off.
  • Elle a pas l’air de le trouver.
  • Non ! Ca a l’air compliqué.
  • A mesure que nous observons la femme se dandiner sur sa chaise à la recherche du fameux bouton, Violette et moi commençons à rire. De plus en plus fort. Secouées de ricanements sonores et incontrôlables. Jusqu’au mo-ment où nous sommes, littéralement, écroulées sur la table. Car oui, malgré ce que peut bien penser ma nouvelle amie, la solidarité féminine est un mythe total. Foutaise. Bullshit ! Une baliverne inventée par un homme lamb-da pour justifier une saloperie qu’une nana lui avait faite. Comme si une femme ne pouvait pas, gratuitement, s’en prendre à un mec. Sans raison. Ou comment l’ego masculin a inventé la plus grosse connerie de tous les temps.
  • Serveur, je crie alors qu’il est à quelques mètres de moi, encore deux shots !
  • Je crois que c’est la meilleure soirée que je n’ai jamais passée.
  • Ah ben moi aussi !
  • Nous sommes tellement bruyantes que le couple finit par nous regarder. La femme lève la tête, la main toujours dans son pantalon, et l’homme se retourne.
  • Oh putain !, je m’exclame en arrêtant subitement de rire.
  • Quoi ?, me demande Violette.
  • C’est Pierre.
  • C’est qui Pierre ?
  • C’est mon plan cul !
  • Quoi ?
  • C’est mon plan cul ! Merde, je fais quoi ?
  • Vous me posez la question à moi ?
  • Je doute que sa femme apprécie que je lui pose la question, à elle. Alors oui, je vous la pose à vous.
  • Vous demandez à une pucelle fleur bleue de vous donner des conseils en matière de plan cul ?
  • Arrêtez de me chercher ! Sérieux, je fais quoi ?
  • Ben je sais pas ! Allez lui dire bonjour !
  • Bonjour ?
  • Rien ne vous empêche d’être polie.
  • Bonjour ?
  • Vous aurez en tous cas l’air moins con que de rester assise sur votre chaise à les observer.
  • Pas faux, je concède.
  • Surtout que maintenant, on ne va plus pouvoir continuer ce petit jeu.
  • Toujours pas faux.
  • On est grillées.
  • Comme des poulettes.
  • Vous m’agacez.
  • Pas tant que ça, sinon, vous seriez déjà partie.
  • Cassez-vous !, m’ordonne-t-elle.
  • Ok, j’y vais, dis-je en me levant.
  • Et c’est qui maintenant qui se retrouve avec des boules de Geisha qui s’agitent, mais sans plombier ?, chu-chote Violette alors que je marche en direction de la table de Pierre.
  • Touché, je lui réponds amusée.
Jane, le retour

Jane, le retour

[…]
Alors que nous babillons, je remarque du mouvement tout au fond du restaurant. Je n’avais pas remarqué que la table sise dans une quasi-obscurité était occupée. Je plisse les yeux et essaie de distinguer ce qui s’y passe.

  • Allez demander au serveur, dis-je, désireuse d’écourter la conversation.
  • Bonne idée. Navrée du dérangement.
  • Oui, c’est ça, bonne soirée.

Violette se dirige en direction du bar alors que je concentre toute mon attention sur le couple qui est assis dans la pénombre. Un homme et une femme. Plus ou moins mon âge je dirais. Je me demande ce qu’ils…

  • Bon, ben il s’emblerait que quelqu’un l’ait prise… Le serveur ne l’a pas non plus.

Mais ce n’est pas Dieu possible ! Qu’ont-ils tous aujourd’hui à parasiter le flux de mes pensées ? Je la regarde, malgré tout désolée pour elle, puis tourne la tête en direction du petit couple. J’espère que le peu d’attention que je porte à Violette suffira à la décourager de rester.

  • Vous permettez, je peux m’asseoir ?, me demande-t-elle en s’asseyant.

Apparemment pas…

  • J’ai besoin d’un verre, me dit-elle.
  • Bah alors commandons.
  • Un shot. Quelque chose de fort.
  • Vous êtes au bon endroit, ils ont des super shots ici.

Et c’est comme ça que, sans m’en rendre compte et le ventre vide, j’ai commencé à être franchement pompette. Pour ne pas dire bourrée. Et malheureusement, pas par mon plan cul. Oh, mais ne faites pas vos effarouchées, m’sieurs dames ! Je ne faisais déjà pas particulièrement dans la finesse avant de boire, alors n’imaginez pas que maintenant que je suis ivre, ça va s’améliorer. C’est comme les compétences sexuelles. S’il y a une amélioration certaine des capacités acrobatiques après quelques verres, la tendance s’inverse drastiquement passé un certain seuil. Le gymnaste se transformant en artiste comique, incapable même d’assurer le plus simple tourniquet tchécoslovaque. J’ai atteint mon seuil.

  • Alors dites-moi ? Pourquoi n’êtes-vous pas restée avec Jason ?
  • Jason ?, m’interroge Violette.
  • Oui, votre compagnon de soirée.
  • Il ne s’appelle pas Jason ! D’où ça vous vient qu’il s’appelle Jason ?
  • Dans un monde où une femme perd son string aux toilettes, les hommes s’appellent Jason, asséné-je péremptoire. Il s’appelle comment alors ?
  • Marc.
  • Ah… Moins sexy… Alors pourquoi n’êtes-vous pas restée avec Marc ?
  • Ben je sais pas ! Vous, dites-moi, pourquoi je ne suis pas restée avec Marc ?
  • Oh, la routine… Trois fois rien… Une pucelle, un connard et une femme trompée.
  • Elle n’est pas pucelle, rétorque Violette.
  • Qui ?
  • Ben la femme dont vous parlez.
  • C’est de vous dont je parle.
  • C’est de moi dont vous parlez ?
  • Oui, c’est vous la pucelle, dis-je à Violette.
  • J’ai une tête de pucelle ?
  • Vous avez un comportement de pucelle.
  • C’est quoi un comportement de pucelle ?, m’interroge-t-elle.
  • Ben c’est une fille qui se comporte comme vous.
  • C’est n’importe quoi !
  • Ben non !
  • Ben si, je ne suis pas pucelle.
  • Mais alors qui est pucelle ?
  • Personne.
  • Mais c’est qui l’autre fille ?
  • Ben la maîtresse !
  • Mais ce n’est pas vous ?, questionné-je perdue.
  • Vous quoi ?
  • Qui êtes la maîtresse ?
  • Ah parce que vous pensiez que j’étais une maîtresse pucelle sans string ? Ca va pas bien dans votre tête, affirme Violette.
  • Ben… Ouais, j’imagine que j’ai imaginé que vous étiez tout ça…
  • Mais pourquoi je n’aurais plus de string d’ailleurs ?
  • Vous l’avez toujours ?
  • Oui, bien sûr.
  • Parce que… En fait, il y a plusieurs théories, qui vont du string trop petit au string trop mouillé.
  • Ca fait longtemps que je ne mouille plus ma culotte devant Marc.
  • Ca fait longtemps que vous êtes ensemble ?
  • Ca faisait longtemps…
  • Que s’est-il passé ?
  • J’ai gardé mon string. Et je ne suis plus prête de l’enlever.
  • Si vous continuez de boire avec moi ce soir, vous allez finir par l’enlever, croyez-moi, dis-je dogmatique.
  • Je…
  • Oui ?
  • Je crois qu’il est préférable d’éclaircir immédiatement ce sujet. Vous… Vous ne m’attirez pas.
  • Je suis moche ?
  • Non ! Non… Je veux dire, je ne suis pas lesbienne.
  • Ah ben ça je m’en doute un peu.
  • Comment ça ?
  • Sinon, vous ne seriez pas partie avec Jason.
  • Marc.
  • Marc.
  • Alors pour quelle raison devrais-je enlever mon string ?
  • Pour pisser… Terre-à-terre mais essentiel.
  • Vous êtes drôle !
  • On se divertit comme on peut, répliqué-je sarcastique.
  • Vous n’avez pas souvent l’air de vous ennuyer, je trouve.
  • C’est vrai, je m’amuse bien.
  • Je peux jouer avec vous ?
  • Si vous voulez.
  • C’est quoi votre jeu ?, s’enquiert Violette.
  • Je regarde les couples autour de nous et essaie d’imaginer leur histoire.
  • Et en me regardant, vous avez pensé que j’étais pucelle, que j’avais profité d’une visite aux toilettes pour retirer mes sous-vêtements et que j’allais me faire déflorer par un certain Jason, qui devait être en couple avec une autre miss ?
  • Exact !
  • C’est tout ?
  • Non…
  • ?
  • Je pensais aussi qu’il était circoncis.
  • Joli…
  • Aaaaah !
  • Ne vous réjouissez pas trop vite.
  • J’avais tort ?
  • Complètement.
  • J’avais quand même raison sur un point.
  • Lequel ?
  • Vous n’êtes pas gouine.
  • Et à part vous être trompée sur presque toute la ligne avec moi, continue Violette, qu’avez-vous imaginé d’autre ?
  • Il y a eu le couple d’homos, la connasse et moi : le plan cul qui se fait planter.
  • Vous aviez rendez-vous ?
  • Ouais…
  • Avec votre plan cul ?
  • Ouais…
  • Bizarre, murmure Violette.
  • Pourquoi ?
  • Parce qu’on ne mange pas avec son plan cul. On s’envoie en l’air avec lui. Point. Fin de l’histoire.
  • Vous êtes plutôt calée côté plan cul pour une pucelle.
  • Mais puisque je vous dis que je ne suis pas pucelle !
  • Et pourquoi je ne peux pas manger avec mon plan cul ?
  • Ben entre autres pour éviter ce genre de situation. Un plan cul, on appelle, on fait son affaire, on part. On ne prend pas rendez-vous des mois avant. Il faut de la spontanéité. Pas des chandelles et du vin.
  • Vous m’épatez.
  • Mais puisque que je vous dis que je ne suis plus vierge depuis longtemps !
  • J’avais oublié…
  • Bon bref, on regarde qui maintenant ?
  • Le petit couple tout au fond du restaurant.
  • On ne les voit pas bien.
  • Pas grave, on imagine.
  • Et on ne voit pas la tête de l’homme ! Il nous tourne le dos.
  • Bon ça suffit là ? Soit vous jouez, soit vous partez !
  • Je joue. Et alors ?
  • Et alors quoi ?
  • Ben qu’est-ce qui se passe à votre avis ?
  • Je sais pas ! Vous n’arrêtez pas de m’interrompre, je réponds agacée.
  • Ok… Je me tais.
  • Mais, j’ai quand même une question, dis-je à Violette, c’est qui qui a trompé qui alors ? Je dois admettre que je suis un petit peu perdue.
  • Vous le faites exprès, c’est pas possible.
  • Non, mais il faut reconnaître que votre histoire n’est pas toute facile à suivre.
  • Vous plaisantez ?
  • Pardon… Regardez, la femme se lève !
Les chapitres promis

Les chapitres promis

J’avais décidé, plus ou moins au début du confinement, de partager avec vous ma dernière nouvelle intitulée Anatomie d’un plan cul. Mais pas n’importe comment. En vous la lisant. Avec beaucoup de plaisir donc, j’ai lu les différents chapitres, laissant les pages défiler et mes mots s’épuiser. Jusqu’à ce que j’arrive à la dernière partie de mon ouvrage. Et là, gros problème ! Les répliques se suivent à un rythme effréné, les personnages se répondant rapidement. Peu de silence. Beaucoup de jeux de mots. Je me suis alors demandé comment parvenir à retransmettre, avec ma seule voix, toutes les subtilités du dialogue. Comment vous faire comprendre qui parle quand. Comment ne pas vous perdre. Pour parvenir à la conclusion que je n’y arriverai pas. Il faut savoir reconnaître ses limites. Sans fausse modestie ou piètre estime de soi. Simplement par honnêteté.

Tenir parole

Quoi qu’il en soit, il m’a fallu alors trouver le moyen de vous transmettre la fin de mon roman. Je m’étais juré de vous l’offrir afin de vous apporter un petit divertissement en ces temps compliqués. Et hors de question de ne pas tenir parole.

J’ai donc décidé de publier les derniers chapitres directement sur ce blog. Et ce durant les quatre prochains jours, au rythme de un chapitre par jour. Un petit peu comme je l’avais fait pour Quand tu me prends dans tes bras, je vois la vie en Lila.

Derniers chapitres

On y va? Retrouvez ci-dessous la liste des chapitres publiés. Liste qui s’allongera donc tous les jours pendant quatre jours.

Et comme d’habitude, si vous aimez ce que vous lisez, n’hésitez pas à faire un tour sur mon shop ou à en parler autour de vous!

Stay safe and enjoy le début de la fin de mon roman!