Sélectionner une page
Rendez-vous chez Maye

Rendez-vous chez Maye

Parce qu’il fait bon, parfois, aborder des sujets plus légers, je souhaite vous parler aujourd’hui de… ma nouvelle coupe de cheveux. Attendez, attendez! N’éteignez par l’ordinateur! Aussi rasoir que ce sujet puisse paraître de prime abord, je vous promets que je vais vous divertir. Voire peut-être vous faire sourire.

Apprendre de ses erreurs

Non… Ca, ce n’est pas pour moi. Ou peut-être est-ce simplement que je prends plaisir à reproduire invariablement les mêmes? C’est possible.

Quoi qu’il en soit, laissez-moi vous raconter mon rendez-vous chez le coiffeur local.

Adolphe, mon Béninois

Avant cela, je me dois de vous rafraîchir la mémoire, ou peut-être simplement de vous expliquer ma première mésaventure capillaire d’expatriée. Car ce n’est pas le première fois que je m’expose à une déconvenue…

J’ai un faible, lorsque nous nous expatrions, pour les petits marchés locaux, les épiceries de coin de rues et les artisans de quartiers. J’achète mes légumes là où il n’y a que rarement des blanches, je profite de la chance qui m’est donnée de découvrir un autre savoir-faire et je vais me faire couper les cheveux dans le salon tout crado du coin. Pourquoi? Parce que j’aime faire fonctionner l’économie locale. Parce que j’aime rencontrer les habitants du coin et me mêler, pour un temps, à eux. Et parce que c’est l’occasion de rencontrer de belles personnes qui valent la peine de prendre quelques risques.

Bref ! Revenons-en à mes cheveux.

Balais sur la tête

Je me souviens comme si c’était hier du petit frisson d’angoisse qui me parcourut le corps lorsque Adolphe, mon coiffeur Béninois installé à Dakar, expliqua m’appliquer un soin particulier sur la tête… Parce que vous n’êtes pas sans vous douter que nos petits cheveux blondinets n’ont pas la même résistance que des cheveux crépus.

Autant vous dire que j’ai eu raison de douter du résultat, tant il est vrai qu’Adolphe m’a littéralement brûlé les cheveux… Il me fallut plusieurs jours et beaucoup de patience pour récupérer une tignasse qui s’apparentait alors à un balais. Mais l’expérience m’a fait rire! Au point que j’ai souhaité la reconduire en Colombie.

Prise de risques limitée

Les cheveux des Colombiennes, bien que plus épais que les nôtres, se rapprochent des miens. Je me suis donc dit que je ne prenais que peu de risques en me rendant dans le salon du quartier. Grosse, grosse, grosse erreur d’appréciation de ma part, tant il est vrai que Maye, ma coiffeuse locale, a complètement foiré (il n’y a pas d’autres termes) sa couleur.

Voilà ce que j’ai demandé:

Voilà ce que j’ai eu. La couleur est très approximative. La coupe… Euh, quelle coupe?

Très appliquée

Est-ce que j’ai osé dire à Maye qu’elle a complètement loupé sa couleur ? Non… Elle était tellement appliquée et tellement stressée en découvrant le résultat que je n’ai pas eu le cœur de lui asséner ce jugement sans appel: même ma fille aurait fait mieux. Et pourtant, elle m’en a tendues des perches, croyez-moi! Plusieurs jours après notre petite séance coloration loupée, la coiffeuse m’arrêtait dans la rue:

  • Hola Estefania, que tal el color?
  • Muuuuuuuuuuy bien!
  • Y tu esposo? Esta contento?
  • Siiiiiii! Le enconta mucho. Muchas gracias Maye.

J’aurais eu envie de lui dire que mon mari rigole à chaque fois qu’il me regarde, mais à quoi bon? Le mal est fait, et il reste relatif. Ce n’est certes pas ce que j’ai demandé mais ce n’est pas si moche. Et les cheveux repoussent alors qu’une critique négative peut mettre bien du temps à être digérée. Et je sais de quoi je parle.

Pas sûre par contre que je retourne chez elle dans le futur 😉

FARC – partie 2

FARC – partie 2

Ca y est, ce moment que tout le monde redoutait, mais auquel presque tout le monde s’attendait, est arrivé. Les FARC reprennent les armes. Que signifie donc ce retour en arrière ? Rapide point de situation et évocation des possibles.

Mauvaise nouvelle, mais…

Tout d’abord, il convient de nuancer cette mauvaise nouvelle. Attention, je la nuance aujourd’hui. Mais comme je vous l’expliquerai dans le suite de ce billet, tout peut changer très rapidement.

Premièrement, seule une partie des anciens guerriers des FARC reprennent les armes. Une grande majorité de ces derniers souhaitent continuer le dialogue de paix avec le gouvernement.

Ensuite, et découlant logiquement de cette première assertion, l’envergure de ce mouvement est beaucoup moins importante que par le passé. Aucune véritable structure militaire, aucun contrôle territorial.

Finalement, Ivan Marquez, nouveau leader des FARC, espérait une alliance avec l’ELN (autre guérilla colombienne). Alliance qui est très peu probable au vue des anciennes rivalités et de l’envergure mesurée du néo-groupement communiste.

Des élections qui peuvent tout changer

A la fin du mois d’octobre auront lieu de nouvelles élections, afin d’élire les maires et gouverneurs des villes et des départements colombiens. Une étape cruciale pour l’avenir du processus de paix. Si les élus devaient être issus de la classe politique réfractaire à la paix avec les FARC, les conséquences seraient évidemment néfastes pour la paix en Colombie.

Il faut donc espérer que les prochains leaders politiques aient la volonté de continuer le processus enclenché et que la paix perdurera en Colombie.

Rikiki mais costo

En outre, bien que le groupement des FARC soit, à l’heure actuelle, limité, ses combattants font partie des plus chevronnés. Pour ne pas dire des plus dangereux. Il s’agit tout simplement des plus grands criminels que compte le pays… Il ne faut donc pas sous-estimer le potentiel de ce groupement.

L’inquiétude gronde

D’ailleurs, si l’annonce de la reformation des FARC a déclenché une véritable vague de tristesse dans le pays, nombre de ses habitants ont recommencé à trembler. Et tous gardent en mémoire les atrocités, les attentats et les enlèvements perpétrés.

Les forces de l’ordre de leur côté se préparent d’ores et déjà à affronter leur ennemi, que ce soit dans les villes ou dans les campagnes.

Et nous dans tout ça?

Eh oui… Nous, dans tout ça, qui sommes venus en famille pour aider la Colombie à accueillir les réfugiés vénézuéliens? Nous ne souhaitons pas céder à la panique. Mais une chose est sûre, à la moindre alerte, nous sautons dans un avion et partons sans nous retourner.

Et je ne vous mentirai pas, personnellement, j’ai un très mauvais presentiment… La guerre civile est à deux doigts d’éclater à nouveau… J’espère me tromper.

FARC – partie 1

FARC – partie 1

Voilà un acronyme qui fait trembler… Et en cette période sombre pour la Colombie, alors que les FARC reprennent les armes, j’ai pensé qu’il serait bon de revenir sur ce mouvement et sur la guerre civile qui a secoué ce pays des années durant. « La plus grande catastrophe humanitaire de l’hémisphère occidental », selon les Nations Unies.

Il s’agit ici d’un survol de l’histoire politique et militaire du pays. Loin de moi la prétention de tendre à quelconque exhaustivité.

FARC?

Mais tout d’abord, qui sont les FARC.

Les Forces Armées Révolutionnaires de Colombie est la principale guérilla communiste de ce pays. Et la plus tristement célèbre.

Une histoire violente

Mais pour comprendre l’avènement des FARC, il me faut tout d’abord revenir sur l’histoire sanglante de ce pays d’Amérique latine. Remontons, si vous le voulez bien, en 1948. Début d’une période dramatique dont vous n’avez peut-être jamais entendu parler, mais dont la violence n’a d’égal que la barbarie.

La Violencia

Tel est le nom donné à cette première guerre civile dont je vais vous parler. Tout commença par l’assassinat du politicien libéral Jorge Eliécer Gaitán le 9 avril 1948, qui était alors extrêmement populaire. En réaction à cet assassinat, des émeutes d’une violence inouïes éclatèrent. Emeutes réprimées par les conservateurs au pouvoir.

Et voilà comment débuta une guerre civile qui provoqua la mort de près de 300’000 Colombiens…

Les massacres étaient alors légion, et il n’était pas rare de voir des villages entiers disparaître, sous prétexte qu’ils soutenaient le parti libéral.

Naissance des guérillas

Comme vous vous en doutez, c’est à cette période que naquirent de nombreux mouvements guérilleros, tant de gauche que de droite. C’est également à cette époque qu’apparurent les milices d’auto-défense paysannes, qui donnèrent naissance par la suite au FARC ainsi qu’à l’ELN (Armée de Libération Nationale).

Bien évidemment, tous ces différents groupes, bien que luttant contre les crimes des militaires, se firent également la guerre…

La terreur

Les mouvements de l’ELN et des FARC, respectivement d’inspiration castriste et communiste (entendez par là, La Havane vs Moscou) commirent énormément d’exactions et firent régner la terreur.

Attentats, meurtres, enlèvements…

Quand les narcotrafiquants s’en mêlent

Pourquoi ne pas envenimer la situation, en ajoutant à ce cocktail déjà explosif, des groupes paramilitaires financés par les narcotrafiquants? Ces derniers apparurent sur la scène colombienne dans les années 1980 pour lutter contre les guérillas.

En résumé?

Pour résumer cette situation complexe: nous avons donc un parti politique conservateur qui réprime la population. Un parti libéral qui n’est pas franchement tout blanc non plus. En réaction, différentes guérillas voient le jour. Dont notamment les FARC. Ces différents groupements s’en prennent tant à la population civile qui ne partage pas les mêmes motivations idéologiques qu’aux partis politics officiels.

Enfin, les groupes paramilitaires profitent des fonds du trafic de drogue pour prendre leur essor et lutter contre les guérillas. Non sans s’en prendre également à la population civile.

Quand les relations avec les FARC s’enveniment

S’il y a eu plusieurs tentatives d’apaisement ainsi que des processus de paix avortés, les relations entre les gouvernements et les FARC se sont envenimées en 1990, lorsque le siège de leur secrétariat fut pris par l’armée. Les FARC devinrent alors ce mouvement mobile, profitant de la densité d’une forêt impénétrable pour se cacher et fomenter enlèvements, actes terroristes, massacres, violences sexuelles et autres exactions contre la population et le gouvernement.

De nombreuses tentatives

De nombreuses tentatives de pacification virent le jour. La plus importante fut l’accord de paix signé en 2016 par les FARC et le gouvernement de Juan Manuel Santos. Accord qui est aujourd’hui totalement remis en question…

Trois petites lettres…

Trois petites lettres…

Non, non, je vous rassure, ce n’est pas la fin de mon blog. Pas du tout ! J’ai encore beaucoup de choses à vous raconter. Mais aujourd’hui, je ne vais pas vous parler voyages, Colombie ou mésaventures. Non, je vais vous parler littérature. Aujourd’hui, je vous annonce que j’ai fini la rédaction de mon prochain projet littéraire!

Trois lettres…

… qui représentent la fin d’un travail solitaire mais tellement passionnant.

Taper ces trois lettres en fin de manuscrit, c’est reconnaître que les heures passées à réfléchir, à triturer son imagination, à écrire puis à effacer, à changer d’avis, à corriger, à donner corps et âme aux personnages, sont révolues. Trois lettres qui closent le chapitre de la création pour ouvrir celui de l’édition.

Un moment émouvant

Terminer un manuscrit est toujours un moment émouvant. Car, si les personnages continueront de vivre au travers des yeux de mes lecteurs, je n’aurai plus cette relation privilégiée avec eux… Ils ne me surprendront plus, ils ne me feront plus rire, seule derrière mon ordi (bien que parfois accompagnée de mon fils qui adore s’assoir sur mes genoux alors que je travaille).

Ils ne seront plus «que à moi»…. Je dois maintenant les partager.

Pas d’éditeur!

Comme vous le savez peut-être, j’ai pris la décision, il y a plusieurs années de cela, de ne pas travailler avec un éditeur. Non pas que je n’estime pas leur travail, mais bien plus que j’envisage ma profession d’écrivain comme un véritable travail d’entrepreneur. Quelle bonne idée fut la mienne de faire ce pari risqué, tant il est vrai que j’ai classé un de mes romans autoédités parmi les «bestseller» Suisse! Et vous savez quoi? Je n’ai pas l’intention de m’arrêter là.

Libre de sortir des sentiers battus

Se passer d’éditeur sous-entend être libre de mener mes projets tels que je le souhaite. Et surtout, libre de sortir des sentiers battus. Et à nouveau, pour ce prochain projet, j’ai bien l’intention de ne pas me satisfaire des poncifs. Je souhaite décloisonner la littérature, la laisser vivre en dehors des carcans imposés par des siècles de tradition! (Ce qui est un paradoxe, car je suis fan de littérature classique…) Comme vous vous en souvenez peut-être, j’avais déjà proposé une approche différente de mes précédents romans, lors de lectures publiques organisées dans des lieux insolites: chez un coiffeur, dans une boutique d’habits, dans un restaurant…

Je vais donc travailler activement à vous offrir une approche inédite de cet art que j’apprécie tant. Je vous en parle, prochainement, mais ça risque d’être vraiment chouette.

Les étapes post-écriture

L’autoédition est un travail complet, qui présuppose de nombreuses étapes nécessaires à la réalisation du livre papier (ou numérique).

A l’heure actuelle, j’ai donc terminé la rédaction de mon prochain projet littéraire. En outre, j’ai également terminé la phase de relectures et de corrections, phase durant laquelle m’accompagne une incroyable correctrice externe qui m’invite toujours à pousser la réflexion plus avant. Sans parler des milliers de fautes d’orthographe qu’elle m’évite de commettre!

Et ensuite ?

Maintenant, les dés sont dans les mains de mon mari. A lui de faire la mise en page et la couverture. Sur laquelle évidemment, nous travaillons main dans la main. C’est également un moment fort en émotions: le livre objet se dessine lentement sous mes yeux.

Je vous en dis un peu plus?

Allez, d’accord, je vous en dis un peu plus. Et je vous parle de la genèse de cette nouvelle que je m’apprête à publier.

Vous souvenez-vous de la critique dévastatrice que j’avais reçue d’une blogueuse littéraire, qui avait simplement détesté Ma vie en Lila? Elle critiquait la présence de scènes érotiques dans mes romans… Sans même prendre la peine de saisir le travail effectué sur la cécité, sur les sens, et sur l’essence même de l’amour. Sans même remarquer le travail sur les sonorités, la rythmique et la poésie.

Quoi qu’il en soit, et les personnes qui me connaissent ne seront pas étonnées, j’ai décidé de m’opposer farouchement à son jugement. Après avoir pleuré toutes les larmes de mon corps, je me suis mise derrière mon ordinateur et ai commencé à écrire: Anatomie d’un plan cul.

Vous l’aurez compris, ma prochaine nouvelle ne parle QUE de sexualité. Et vous savez quoi ? J’aurais presque envie de lui envoyer un exemplaire de cette future nouvelle. C’est mon côté boute-en-train et éminemment sympathique, comme le dit un des personnages que vous pourrez découvrir prochainement dans Anatomie d’un plan cul!

Connaissez-vous Lila?

Vous n’avez pas encore votre exemplaire de Ma vie en Lila ou de De l’Aurore au Sépia? Alors rendez-vous sur mon shop!

La ferme à tortues de Mama Orbe

La ferme à tortues de Mama Orbe

Est-ce parce que nous sommes un chouilla babacool? Parce que nous adorons la nature? Parce que nous aimons les expériences vraies? Ou parce que Mama Orbe et sa famille sont des gens extraordinaires? Quelques soient les raisons qui nous ont fait adorer cette ferme à tortues, il me parait essentiel de consacrer un billet à ce lieu magique et à ces personnes qui m’ont redonné foi en l’humanité. Des gens intrinsèquement bons qui se dévouent corps et âmes à la préservation des tortues marines.

Bienvenue chez Mama Orbe, son mari, ses deux fils, leurs poules, leurs chiens, leur chat pot-de-colle, leur coq partiellement aphone, leurs centaines de bébés tortues en devenir, leurs squatteurs, leurs amis, leurs hôtes, et j’en passe.

Sur la plage de Cuevita

Tout d’abord, pour accéder à la ferme à tortues de Mama Orbe, il faut s’armer de patience. Déjà, il faut réussir à accéder au Choco, ce qui n’est pas toujours évident. Puis, depuis l’aéroport, il faut prendre un mini-bus bondé ou un tuc-tuc, qui devront tous deux affronter une petite route improbable serpentant dans la forêt. Direction El Valle.

Une fois-là bas, il faut espérer que la marée soit basse et que des motos soient disponibles pour vous mener à la ferme de Mama Orbe. Deux petits ponts à traverser, quatre kilomètres de plage et vous voilà arrivés! Ouf!

Un accueil familial pour un confort des plus spartiate

Pas de grand lobby, pas de réception, pas de chichi. Ici, on vous accueille en tongues et en short. Ici, on dort dans des cabanes rudimentaires. Ici, on vous propose de casser la croûte en compagnie de la famille (au son de Mama Orbe criant «A coooommmmmeeeeeeeeeeer»).

Ici, on se lave à l’eau de pluie, on mange les légumes du jardin et on se lève avec le coq au petit matin (sauf qu’ici, le coq ne sert). Un retour au source de ce qu’est l’hospitalité vraie. Mon dieu que ça fait du bien!

Une vocation

Mais venons-en aux choses sérieuses: la préservation des tortues. La famille de Mama Orbe habite ces terres depuis de nombreuses années. Une longue plage désertique sur laquelle les mamans tortues viennent pondre leurs œufs.

Malheureusement, la triste réalité les a rapidement heurtée: une diminution drastique du nombre d’individus. Ils ont alors décidé de prendre les choses en main en se consacrant à la sauvegarde de cette espèce vulnérable.

De nombreuses menaces

Les menaces qui pèsent sur cette espèce sont nombreuses: pollution, prises accidentelles dans les filets de pêche, commerce illicite des tortues pour leur viande et pour l’effet soit disant aphrodisiaque de leur carapace ou encore menaces naturelles (prédateurs).

La famille de Mama Orbe (ici Diego, un de ses fils) a donc décidé de se consacrer à la préservation de cet animal emblématique.

Un travail diurne et nocturne

Pour avoir été témoin du travail accompli par cette famille, je peux vous assurer qu’il s’agit d’un sacerdoce. Jour et nuit, leur emploi du temps est dicté par les différentes étapes nécessaires à la préservation de l’espèce en question. Laissez-moi vous détailler leur travail.

Estefania, nos vamos!

Estefania, c’est mon nom ici. Parce que Stéphanie, ils n’y arrivent pas! Il est 20h. La nuit est relativement sombre. Il est l’heure de partir sur la plage à la recherche des nids de tortues. Sans lumière, pour ne pas les effrayer. En compagnie de Pedro, un des fils de Mama Orba, j’ai donc cheminé, ultra concentrée pour ne pas me vautrer sur une branche, le long de la plage de 8 kilomètres, à la recherche des si précieux œufs. On a papoté. J’ai essayé d’apprécier un ciel étoilé d’une pureté absolue (ici, zéro pollution lumineuse). J’ai regardé les chiens qui nous accompagnaient, courir, heureux, dans tous les sens.

Le jaguar

Voilà une petite traduction d’une des nombreuses conversations que j’ai eues avec Pedro.

  • Mais en fait, Pedro, c’est juste pour le plaisir des chiens que tu les prends?
  • Ah ben non, tu vois là-bas?
  • Là où on va?
  • Oui. Et bien c’est le territoire des jaguars.
  • Tu plaisantes j’espère.
  • Non! Les chiens, ils sont là pour donner l’alerte en cas d’attaque.
  • Nan, mais c’est une blague?
  • Non. Tu as peur (me demande-t-il en rigolant)?
  • Un chouilla, quand même!
  • Oh tiens regarde, me dit-il après avoir allumé sa lampe torche. Ca, c’est les traces des chiens. Et ça, tu vois? On dirait une grosse patte de chat. C’est une trace du jaguar.
  • Il est passé là juste avant?
  • Génial, hein? Mais dis-moi, Estefania, tu sais quoi faire si jamais on le voit, n’est-ce pas?
  • Me faire pipi dessus?
  • Tu peux. Tant que tu ne lui tournes pas le dos.

Bref, vous l’aurez compris, j’ai donc marché pendant près d’une heure et demi en pétant de trouille à côté de Pedro qui trouvait ça très drôle.

Bien qu’il ait fini par admettre que tomber nez à nez avec un jaguar peut potentiellement s’avérer dangereux. Voire mortel.

  • Mais ne t’inquiète pas Estefania, on est un groupe solide, le jaguar le sent. On ne risque rien.

Ce à quoi j’ai évidemment répondu:

  • Si tu estimes qu’un mec mort de rire et une nana qui se fait dessus de peur est un groupe solide, alors on est mal barré.

Pas de tortues

Bref. Nous avons cheminé, rigolé et claqué de dents pendant une heure et demi, et pas de tortues. Mais surtout pas de bol. Il se trouve qu’elles sont sorties après mon passage. Mais j’ai passé un moment inoubliable. A bien des égards.

2 h du mat

Non, je ne vais pas vous faire croire que je me suis levée à deux heures du mat. Mais c’est ce que fait le mari de Mama Orbe pour s’assurer de ne louper aucun nid. Il se lève au petit matin, comme il dit, et arpente la plage. Moi, je roupille.

Les œufs dans des « incubateurs »

Une fois de retour à la ferme, les œufs déterrés sont ré-enterrés dans les conditions se rapprochant le plus de celles observées dans la nature, les prédateurs en moins. Ils les enterrent à la même profondeur que la maman tortue afin de reproduire les conditions d’incubation voulues par cette dernière. Ici, une photo de l’enclos dans lequel sont enterrés les œufs. Les bouchons ne servent qu’à indiquer la position du nid.

Deux mois plus tard, voilà que naissent entre 50 et 100 bébés tortues!

C’est parti pour le grand bain

Une fois les bébés tortues sortis de leurs œufs, Pedro et sa famille les laissent gigoter plusieurs heures dans une boîte, ce afin de leur permettre de se muscler les nageoires. Cette étape n’existe évidemment pas dans la nature. Il s’agit de leur donner encore un petit coup de pouce supplémentaire qui sera le bienvenu à l’heure d’affronter les vagues de l’océan Pacifique. Ces quelques heures passées, les bébés tortues sont déposés sur le sable et leur instinct de survie fait le reste.

Rapidement, ces minuscules petits machins utilisent toute leur force et toute leur volonté pour avancer en direction de vagues vingt fois plus grandes qu’eux. Un moment émouvant, riche d’apprentissages.

On se revoit dans 25 ans!

Diego m’a expliqué que les bébés sont relâchés sur le sable et non pas directement en pleine mer, pour s’assurer que ces tortues, une fois matures, reviennent pondre sur cette même plage. Dans 20 à 25 ans!

Quelques informations supplémentaires

En vrac, quelques infos supplémentaires:

  • Grâce à leur travail acharné, le taux de survie des bébés tortues passent de 1% en milieu naturel à 10%.
  • Tous les mois, ils doivent changer le sable de l’incubateur, afin de l’aérer et de le «nettoyer» des coquilles des œufs déjà éclos. Des kilos et des kilos de sable à déplacer.
  • Le mari de Mama Orbe a essuyé une attaque de jaguar. Il a réussi à s’en échapper en agitant une pèlerine pour paraître plus grand et en frappant le sol avec sa machette. Et non, il ne s’est pas fait pipi dessus. Ca, ça sert à rien.
  • Tous les jours, des montagnes de déchets se déposent sur la plage, et notamment devant l’hostel de Mama Orbe. Chaque semaine, ils entassent les déchets trouvés ainsi que les montagnes de bois charriés par l’océan afin de les brûler à tout petit feu. Résignés mais désireux de nettoyer la nature, ils recommencent inlassablement ce processus. Alors qu’eux même ne produisent pour ainsi dire aucun déchet…
  • Ils utilisent une partie des déchets échoués pour décorer leur ferme, pour prendre soin des tortues et même pour se chausser!

Faire un don

Si l’histoire de cette famille hors du commun vous a émue, si vous souhaitez les soutenir d’une quelconque manière, n’hésitez pas à me contacter! Sachez que le moindre petit don est, pour eux, une aide précieuse.

Un jour, nous y retournerons

Si le Choco est éloigné de tout, si cette ferme est difficilement accessible (et croyez-moi, je prie pour qu’elle le reste), si nous ne savons pas où nos prochaines aventures vont nous mener, je sais qu’un jour, nous retournerons voir Pedro et sa famille tant ils nous ont touché de par leur gentillesse, leurs éclats de rire francs et enfantins, leur vocation et leur foi en un avenir meilleur.

El Choco

El Choco

Ce nom ne vous dit probablement rien. Et pourtant, nous venons de vivre une semaine exceptionnelle au Choco. Laissez-moi vous présenter la côte pacifique colombienne.

Sal si puedes

Entendez par là: «pars si tu peux». Non pas que les gens souhaitent partir du Choco, mais bien plus qu’il est difficile tant d’y accéder que de quitter ce Paradis.

Arriver au Choco

Pour arriver au Choco, il n’y a pas mille et une façons: la mer ou les airs. Aucune route n’accède à cette région reculée de la Colombie (et c’est une bénédiction).

En outre, l’aéroport est fréquemment balayé par les tempêtes du Pacifique et ne peut donc vous garantir un horaire régulier ni même que votre avion partira effectivement le jour prévu.

La forêt, l’océan et quelques habitants

Le Choco, c’est un territoire grand comme la Suisse accolé à l’océan Pacifique. Un territoire dans lequel l’homme n’a pas encore tout détruit. Où les animaux sont rois et les humains quasi absents. La preuve? La densité de population dépasse à peine 8 habitants au kilomètre carré. Tout n’y est que faune et flore. Ou presque (j’y reviendrai plus tard).

Nous sommes littéralement tombé amoureux de cette région préservée mais aussi de certains de ses habitants qui ont su nous redonner foi en l’humanité.

Une faune époustouflante

Ici cohabitent tortues marines, jaguars (ça aussi j’y reviendrai!), singes, oiseaux, dauphins, myriade de lucioles mais aussi baleines!

Si vous venez au Choco entre juin et septembre, vous aurez en effet la chance de tomber nez à nez avec des baleines qui viennent ici mettre bas. Les habitants de la région aiment d’ailleurs à nommer la baie du Choco «la salle d’accouchement».

Que ce soit donc dans le cadre d’une excursion en bateau ou simplement lorsque vous vous promenez sur la plage, vous les verrez sauter, jouer, nager ou croiser au loin. Un spectacle époustouflant qu’il convient d’admirer.

Une flore impénétrable

Si les jardins des quelques hostels qui ont colonisé la région se font le reflet de l’Eden, remplis de mille et une fleurs toutes plus colorées les unes que les autres, la forêt elle-même y est dense et difficilement accessible.

Pour avoir eu la chance de fraterniser avec un vieux marin du coin qui nous a emmené, mes enfants, mon mari et moi-même, en dehors des sentiers battus pour une balade en forêt, je peux vous assurer que c’est un spectacle émouvant. Arbres séculaires, petites fougères, fleurs éclatantes. Il n’y a pas un coin de terre laissé à nu.

Sans parler des cascades qui, soudain, émergent de la végétation, offrant une baignade bienvenue dans l’une des nombreuses piscines naturelles!

L’une des plus belles de la région: la cascade du Tigre. Pas facile d’y grimper, surtout avec des minus qui s’agrippent à vos épaules, mais croyez-moi, la balade (et la baignade) en valent la peine.

La force de la nature…

Ce qui ne manque pas de frapper le voyageur fraîchement débarqué est la force des éléments qui semblent littéralement posséder les lieux. Si la nature, comme je l’ai précédemment explicité, est souveraine, elle sait également déchaîner ses foudres et nos réduire à l’état de spectateurs béats d’admiration. Bien qu’un chouilla inquiets par moment.

Les orages se déchaînent sur la région, pouvant parfois durer une nuit entière. Le vent souffle, les trombes d’eau s’abattent sur les maisons (de bois et de tôles), les éclaires explosent dans la nuit noir alors que l’électricité est coupée. Attendre que ça passe et espérer finalement réussir à fermer l’œil… pour découvrir au petit matin la force de l’océan Pacifique. Un océan qui charrie des montagnes de bois, de troncs, de branches, de souches d’arbres qu’il dépose en suite sur la plage.

…vs la bêtise humaine

Malheureusement, si l’océan transporte inlassablement les fragments d’une nature délitée, il se retrouve bien malgré lui convoyeur des déchets humains. Je suis restée choquée devant la montagne de plastiques, petits et grands, qui s’échoue jour après jour après jour sur des plages désertiques. C’est inimaginable. Et il est urgent, pour ne pas dire vital, que nous changions notre mode de consommation. Vous ne me croyez pas? Jugez par vous-même…

Voilà un petit film que j’ai moi-même tourné sur une plage… Je pense que tout est dit…

El Valle

C’est le nom du bled dans lequel nous avons choisi de poser nos valises pour quelques jours, avant de nous diriger plus au sud, en direction d’une ferme à tortues. Cette dernières fera l’objet d’un billet à part.

Une atmosphère indolente, bercée de musiques aux sonorités sud-américaines, des routes en terre empruntées par les quelques tuc-tuc qui y circulent, des resto servant des poissons fraîchement pêchés et une ambiance qui nous a, du moins en apparence, rappelé le Sénégal qui nous manque tant.

La Colombie reste la Colombie…

Eh oui… Je ne peux vous cacher le revers de la médaille. Si la nature est magnifique et préservée, le business colombien y est le même que dans le reste du pays. La cocaïne y est omniprésente et il suffit d’ouvrir un tout petit peu l’œil pour découvrir que tout n’est pas si rose. Malheureusement pour les habitants de la région, les règlements de compte y sont légion, le transport de drogue un boulot comme un autre et les tensions et la misère qui en découlent bien présents. Mais je tiens à rassurer amis et familles: il est très facile de rester loin de ce commerce illicite et dangereux et de ne pas prendre le moindre risque. Les zones «touristiques» ne sont pas affectées par les menaces relatives au trafic de drogue. Et la magie du lieu opère malgré tout!

Prochain billet: la ferme à tortues de Mama Orbe et sa famille!

Nos conseils avec des enfants

Vous vous rendez au Choco ? Voilà nos conseils.

Quand partir?

La meilleure saison pour partir au Choco est sans conteste de juin à septembre. C’est à cette période que le nombre de baleines est le plus élevé. C’est également à cette période que la majorité des tortues viennent mettre bas (bien qu’il soit possible également de les voir le reste de l’année).

Où loger?

Bahia Solano, la ville dans laquelle vous allez certainement atterrir, n’a pas d’intérêt. Voire peut-être dangereuse. Nous vous conseillons donc de partir directement direction el Valle. Petit village qui se situe entre la plage de Cuevita et de l’Almejal. Cette dernière se situe à 10 minutes à pied du village et de nombreux petits hôtels proposent des logements, à différents prix.

Il est possible, depuis El Valle, de participer à toutes les activités qui motivent un voyage au Choco!

Activités

Voilà la liste des sorties et activités « child-friendly ». Je commente cependant certaines sorties qui sont un petit peu périlleuses.

  • Parc Utria, balade dans les mangroves et playa Blanca.
  • La cascade du Tigre. Attention, il est possible de visiter une plage qui se situe sur la droite de la cascade du Tigre. La plage en vaut la peine, mais la marche est fatigante avec des enfants en bas âge. La cascade du Tigre, quant à elle, est composée de trois piscines naturelles. Le chemin est très glissant. Je vous déconseille de monter tout en haut avec de jeunes enfants. Nous l’avons fait, la plus-value n’en vaut pas la peine. Le chemin est très périlleux A titre d’information, c’est le guide qui a descendu mon fils, car je n’y arrivais pas!
  • Tour en bateau pour découvrir les baleines. Il est possible de prendre part à un tour organisé par des biologistes. Nous ne l’avons pas fait car la sortie dur beaucoup trop longtemps avec des enfants. Si vous n’avez pas d’enfants, c’est hautement conseillé!
  • Tant pour le tour « baleines » que pour le tour « cascade du Tigre », nous vous conseillons de vous rendre à l’hôtel del Nativo, sur la plage de l’Almejal. vous serez accueilli par un vieux marin bougon, mais qui est pourtant absolument adorable une fois la carapace tombée.
  • Visite de la ferme à Tortues de mama Orbe. Je vous dis tout sur cette activité ici.

Attention

  • Tous les paiements se font cash et le seul distributeur de billets se situe à Bahia Solano. Et évidemment, il ne fonctionne pas toujours… Je vous conseille de faire des versements aux hôtels dans lesquels vous allez séjourner pour ne pas devoir garder trop d’espèces sur vous.
  • Vous devrez vous acquitter d’une taxe d’entrée et de sortie en arrivant et sortant du Choco.
  • Les courants de l’océan Pacifique sont très très très très forts! Il est totalement déconseillé de se baigner à marée descendante. Par contre, dès que la marée est basse, c’est un paradis pour les enfants!

Pour d’autres infos

Je vous invite à visiter un blog qui est top: https://monvoyageencolombie.com/ou-voir-les-baleines-en-colombie/