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  • Señora, señora.
  • Señora, despiertese!
  • Señora, hemos llegado a Bogota!

Mathilda ouvrit un œil. Difficilement. Puis le referma. Le mal de tête qui la terrassait l’empêchait de réfléchir correctement. Elle était dans l’incapacité totale d’émerger de son sommeil, mais sentait sur son épaule une main douce et ferme à la fois, qui la secouait gentiment. Je suis où là, se demandait-elle.

Consciente qu’il fallait qu’elle réagisse, Mathilda finit par ouvrir les yeux. La lumière crue de la cabine l’agressait. Elle regardait autour d’elle. Totalement perdue… L’hôtesse de l’air lui souriait gentiment.

  • Señora, bienvenida a Bogota!
  • Quelle heure est-il? On est où?
  • Sumercé, tiene que salir del avión por favor.

Amnésie partielle

Mathilda se redressa sur son siège. Elle avait mal au dos, mal à la nuque et mal à la tête. Glups… Et quel horrible goût elle avait dans la bouche… Elle avait envie de vomir. Son regard se posa enfin sur le Guide du Routard qui était rangé dans la pochette du siège devant elle. Putain, qu’elle conne… Je suis à Bogota… En une fraction de seconde, elle émergea du brouillard et les souvenirs commencèrent à affluer, fragmentés. Elle se souvenait avoir pris un premier apéro lors du vol Genève-Madrid. Puis un deuxième, tout en poursuivant la lecture du guide. Arrivée à Madrid. Elle avait couru pour attraper sa correspondance. A peine s’était-elle assise à sa place que les hôtesses fermaient les portes de l’avion…

On lui avait à nouveau proposé un apéritif… Elle s’était dit qu’un petit verre pour accompagner la lecture du mail de Prosper lui ferait du bien. Elle se souvenait que le cocktail était bien tassé et qu’elle avait eu de la peine à le finir… Elle avait ensuite commencé à passer en revue les fameux conseils dispensés par son contact colombien, qui ne lui semblaient alors plus si angoissants. L’alcool a cette incroyable vertu: il transforme le tragique en farce!

Trop de précautions tue la précaution

Chère Mathilda,

Je fais suite au courriel que vous m’avez envoyé et vous en remercie. Je me réjouis de vous rencontrer très prochainement à Bogota. Concernant votre question sur les appartements: je vous conseille de vous loger proche de nos bureaux, c’est-à-dire dans les quartiers de Chapinero, Quinta Camacho ou Emaus. Ces quartiers sont très sûrs. Emaus est très résidentiel, Chapinero plus vivant et Quita Camacho plus dédié aux bureaux. Pour information, les bureaux du journal se situent à la calle 71# 12-25.

Je me dois cependant de vous adresser ici quelques conseils sécuritaires que vous devrez suivre en tout temps. Je vous liste ci-dessous les points les plus importants:

  • Fondez-vous un maximum dans le paysage.
  • Ne prenez jamais de taxi dans la rue et verrouillez toujours portes et fenêtres.
  • Ne laissez personne s’approcher de vous dans la rue, et surtout pas vous toucher.
  • Si quelqu’un s’approche de vous en vous demandant un conseil, notamment avec un plan à la main, fuyez.
  • Ne parlez pas à des inconnus.
  • Changez d’itinéraire à chaque fois que vous sortez ou que vous rentrez chez vous.
  • Ne vous mélangez pas à la foule.
  • Si on vous braque, ne résistez pas et donnez tout votre argent.
  • Ne téléphonez pas dans la rue. Ne sortez même pas votre téléphone de votre sac.
  • Il existe une drogue qui s’appelle la scopolamine. Une fois administrée, la victime perd toute volonté. Ne laissez jamais votre verre sans surveillance.
  • Gardez quelques billets dans votre poche arrière pour pouvoir les donner rapidement si quelqu’un vous braque avec un couteau.
  • Ne marchez jamais seule le soir dans la rue.

Si vous suivez ces quelques points, il ne devrait rien vous arriver de grave!

Je reste à votre disposition pour tout complément et au plaisir de vous rencontrer dans quelques jours.

Proposer

Des larmes au rire

Qu’est-ce que Mathilda avait pu rire en s’imaginant se fondre dans le paysage colombien, elle, rousse à la peau diaphane. Elle se réjouissait de voir la tête que ferait Prosper en la voyant débarquer au journal! Ne pas parler à des inconnus lui paraissaient également un conseil fort avisé, alors qu’elle arrivait dans une ville où justement, personne ne lui était connu. Sans parler du commentaire relatif aux différentes routes qu’elle devrait emprunter pour sortir et rentrer de chez elle. Elle se dit qu’avant d’avoir ce genre de préoccupations, il lui faudrait déjà trouver un logement! Cette dernière réflexion l’acheva littéralement! Mathilda riait, secouée par l’hilarité que lui procurait ce futur prophétisé.

Après ça? Plus aucun souvenir… Le néant! Elle avait peut-être pris encore un verre, qui sait? Elle avait peut-être simplement sombré dans un sommeil éthylique… Une certitude cependant: elle avait une terrible gueule de bois!

Sondage

Une fois sortie de l'aéroport, Mathilda
  • prend un taxi dans la rue? 74%, 17 votes
    17 votes 74%
    17 votes - 74% de tous les votes
  • suit les conseils de Prosper et ne prend pas de taxi dans la rue? 26%, 6 votes
    6 votes 26%
    6 votes - 26% de tous les votes
Nombre de votes: 23
mars 19, 2019 - mars 21, 2019
Vote clos
 

Stephanie Vidonne Emoji Notre Proposer à nous

A quel point ai-je exagéré les conseils sécuritaires que nous avons reçus en arrivant ici, vous demandez-vous peut-être. Je ne vais pas répondre de façon formelle à cette question. Je me limiterai à vous dire que nous avons bel et bien reçu la visite d’un conseiller en sécurité de l’ONU, qui s’appelle d’ailleurs effectivement Prosper. Je vous dirai également que son boulot, c’est de nous préparer au pire et de nous effrayez. Je ne doute pas qu’il se dise: allez, je mets le paquet, comme ça, je suis sûr qu’ils ne feront rien d’inconsidéré. Sachez simplement que sur moi, ce genre de mesures fonctionne au-delà de toute attente. A tel point qu’après sa visite, j’ai refusé de laisser mes enfants jouer au parc, craignant tout et son contraire!

Relativiser

Puis, j’ai relativisé, j’ai discuté avec mon mari, j’ai discuté avec des colombiens… Et j’ai compris à quel point Prosper exagère! Certes, comme on dit ici, « no dé papaya ». Il ne faut pas tenter le diable, il ne faut pas susciter l’envie et il ne faut pas se balader n’importe où. Il faut simplement faire attention et faire preuve de bon sens. Je ne téléphone pas dans la rue, je ne hèle jamais de taxi, je ne me balade pas dans les mauvais quartiers, j’évite tout signe ostentatoire de richesse et je ne quitte jamais, jamais, jamais des yeux mes enfants. Mais ça, c’est toujours le cas… Rien à voir avec Bogota.

Est-ce que vivre à Bogota comporte des risques? Bien sûr, comme n’importe quelle grande ville. Mais malgré cela, je discute avec des inconnus, j’emprunte toujours le même itinéraire quand je rentre et je sors de chez moi et nous n’hésitons pas à nous rendre sur la petite place devant chez nous pour écouter un concert ou visiter le marché. C’est aussi ça, découvrir un pays, non?

Et du côté de Lila ?

Je vous parle beaucoup de Bogota mais n’ai pas encore abordé ici le sujet « Lila ». Le temps est venu de me rattraper.

Tout d’abord, suite à un échange avec une blogueuse littéraire qui a adoré les aventures de Lila, une nouvelle promotion a été mise en place. Quelque soit votre pays de résidence, bénéficiez de frais de port gratuits en utilisant le code mesjolisbouqins (qui est le nom de compte Instagram de la blogueuse en question). N’hésitez pas à partager cette promotion autour de vous!

Ensuite, grace au travail effectué par le passé et à mon assiduité à créer un lien fort avec mes lecteurs, je continue de recevoir des messages post-lecture. Des messages, pour la plupart encourageants, qui me donnent l’envie de poursuivre dans ma lancée! D’ailleurs, petit secret entre vous et moi, j’ai commencé la rédaction d’un prochain roman!

L’aventure de Mathilda dans la presse

Si vous n’habitez pas Genève, peut-être n’avez-vous pas eu l’occasion de découvrir le superbe article paru dans la Tribune de Genève au sujet de Mathilda.

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